Arthabaska : le PQ triomphe, Duhaime bredouille, la CAQ au tapis
Le Parti québécois ajoute un (autre) député à son caucus avec une victoire dans Arthabaska. La CAQ, elle, s’effondre.
Sans être une raclée pour autant, la victoire du Parti québécois hier soir dans Arthabaska—L’Érable est sans équivoque. Le candidat du PQ, Alex Boissonneault, a remporté le scrutin par une marge de onze points — environ 4 000 voix — devant le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime.
Dès le début du dépouillement, vers 20 h 30 lundi soir, le PQ s’est installé en tête et n’a jamais été inquiété. Boissonneault a terminé la soirée avec 46 % des suffrages, contre 35 % pour Duhaime. Aucun autre parti n’a franchi la barre des 10 %.
La formation souverainiste ajoute ainsi un sixième député à son caucus, grâce à une troisième victoire consécutive en élection partielle depuis 2023 (Jean-Talon, Terrebonne, Arthabaska).
Difficile d’analyser ces résultats sans souligner la débâcle complète de la CAQ dans une circonscription qui lui avait pourtant été très favorable au cours de la dernière décennie. Le candidat caquiste, Keven Brasseur, a terminé loin derrière, en quatrième place, avec un maigre 7,2 % des voix. Nous sommes donc à des années-lumière de la victoire écrasante de l’ex-député caquiste Éric Lefebvre en 2022, lorsqu’il avait récolté près de 52 % des votes et devancé son plus proche adversaire par 27 points.
À l’époque, la CAQ avait obtenu dans Arthabaska un score onze points supérieur à sa performance nationale (52 % contre 41 %)…
La plus récente projection Qc125 dans Arthabaska (27 juin 2025) commençait certes à dater (aucune donnée publique n’ayant été publiée depuis), mais elle plaçait PQ et PCQ au coude-à-coude, avec un léger avantage pour le PQ dans les probabilités de victoire.
La projection du PCQ (37 % ± 7 %) s’est avérée juste. Celles du PLQ et de la CAQ aussi (9 % ± 3 %).
Le PQ a surperformé, encore, et a sans doute profité quelque peu de sa campagne Anybody-but-Duhaime. (L’ancien député péquiste Jacques Baril a publié une chronique dans le Journal de Montréal intitulée « Élection dans Arthabaska—L’Érable: la réputation de notre région est en jeu », rien de moins.)
Et que dire de Québec solidaire qui, avec 1,5 % des voix hier soir, n’obtient même pas de mention honorable.
Comment François Legault peut-il rester en poste après une telle défaite ?
La question se pose, car ce résultat ne tombe pas du ciel. La satisfaction envers le gouvernement a fortement reculé depuis 2023 (voir graphique ci-dessous, données Léger).
Les taux d’appréciation du premier ministre sont profondément dans le rouge (chiffres de Pallas Data, ci-dessous) et ne montrent aucun signe d’amélioration.
La CAQ est tombée au troisième rang des intentions de vote au Québec en juin dernier — et rien ne dit que la glissade est terminée.
Certains commentateurs ont comparé ce revers à ceux subis par les libéraux de Justin Trudeau à Toronto—St. Paul’s et LaSalle—Émard—Verdun l’an dernier, deux défaites qui avaient sérieusement ébranlé un PLC déjà fragilisé. Mais la comparaison a ses limites : dans ces deux circonscriptions, le PLC était au moins demeuré compétitif. Dans Arthabaska, la CAQ s’est complètement effondrée, passant de 52 % en 2022 à 7 % hier soir — une perte de 45 points.
D’un point de vue strictement chiffré, c’est l’une des pires performances d’un gouvernement en place depuis des décennies.
À un an du déclenchement prévu de la campagne de 2026, comment la CAQ pourrait-elle inverser la tendance ? Surtout avec un chef que de nombreux électeurs semblent avoir cessé d’écouter ?
Les souverainistes qui avaient rejoint la CAQ en 2018 et 2022 sont retournés au bercail et ont recommencé à croire au projet d’indépendance. Difficile de les voir revenir vers la CAQ en 2026.
Les électeurs de droite et de centre-droit — dont plusieurs anciens adéquistes — disposent désormais d’une option conservatrice avec Éric Duhaime et le PCQ. Leur défaite d’hier est certes un dur revers, mais il semble n’être qu’une question de temps avant que le parti ne décroche un siège à l’Assemblée nationale. Là encore, peu probable que ces électeurs reviennent à la CAQ d’ici l’an prochain.
Le PLQ, pour sa part, n’a pas eu une bonne soirée hier, mais il n’avait pas de réelles attentes non plus. Il est donc risqué de tirer des conclusions définitives suite à ce résultat. Cependant, trois sondages distincts montraient le parti en hausse, devançant désormais la CAQ dans les intentions de vote. Les libéraux sont encore loin d’être compétitifs à l’échelle nationale, mais le creux de la vague semble derrière eux. Dans ce contexte, pourquoi des électeurs traditionnellement libéraux, qui s’étaient joints à la CAQ en 2018 et 2022, reviendraient-il dans le navire caquiste alors que ce dernier prend l’eau ?
Évidemment, les problèmes de la CAQ ne s’arrêtent pas à François Legault, mais c’est une toute simple règle en politique : les chefs impopulaires ne soulèvent jamais des partis déjà en difficultés.
Ce n’est certainement pas un remaniement ministériel en septembre qui renversera une tendance qui se dessine et perdure depuis deux ans.
Bref, les prochains sondages au Québec seront à surveiller de près. Une chose est certaine : la session parlementaire qui s’annonce ne sera pas ennuyante.
Une mise à jour de la projection Qc125, qui tiendra compte du résultat d’hier soir, sera publiée sous peu.
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