Coderre est intéressé par le PLQ, mais le sentiment est-il mutuel ?
Les plus récents chiffres proviennent de 2022, mais ils n'avaient rien d'encourageant pour Denis Coderre
Un mois après l’élection québécoise d’octobre 2022, un sondage Léger tâtait le pouls (très) hâtif des électeurs à propos de celui ou celle qui devrait remplacer Dominique Anglade à la chefferie du Parti libéral du Québec. Mme Anglade n’avait pas encore démissionné de son poste à l’époque, mais les rumeurs de son départ se faisaient de plus en plus fréquentes.
Or, aucun des choix offerts aux répondants du sondage n’avait atteint la barre des 10%.
Néanmoins, qui se trouvait au sommet de la liste ? L’ancien député fédéral et maire de Montréal Denis Coderre (si on peut qualifier 9% de « sommet »).

Parmi les électeurs libéraux — et l’échantillon était évidemment petit, soit seulement 103 répondants — Coderre se hissait à 17%… loin devant le reste du lot, mais encore plus loin derrière l’option « Je ne sais pas / Refus ».
Et oubliez quelconque analyse parmi les électeurs libéraux francophones : selon mon décompte, ce sondage Léger de plus de mille répondants ne comptait qu’une trentaine d’entre eux. C’est donc minuscule et statistiquement inutilisable.
Toutefois, si la liste de Léger contenait des candidats plausibles de l’époque, on n’y trouvait pas de « candidat vedette » non plus, du moins selon la définition médiatique du terme. Denis Coderre, qui a siégé à la Chambre des Communes pendant 15 ans et a été maire de Montréal pendant 4 ans, est le seul nom de cette liste qui soit vraiment connu du grand public. Ceci n’est pas une insulte envers les Joël Lightbound et Pierre Moreau de ce monde, c’est ce que sondage après sondage nous indique.
Il ne faut pas sous-estimer l’importance de la notoriété lors de questions hypothétiques des sondages. L’électeur moyen au Québec, sauf s’il se trouve dans la bonne circonscription, ne connait pas la vaste majorité des élus qui nous gouvernent. Un exemple concret : selon le dernier baromètre des personnalités politiques de Léger, publié en fin décembre, 64% des Québécois ne connaissent pas Marwah Rizqy, 58% ne connaissent pas Marc Tanguay — et ce sont les ceux qui avouent ne pas les connaître, alors la proportion réelle est probablement encore plus élevée.
Et les méconnus ne sont pas que des libéraux. D’autres exemples : 52% ne connaissent pas Pascal Bérubé, 58% ne connaissent pas Catherine Fournier, 55% ne connaissent pas Éric Girard… Oui, oui, ce Éric Girard, actuel ministre des finances du Québec, celui qui est passé dans le rouleau compresseur médiatique avant la pause des Fêtes grâce à sa subvention aux Kings de Los Angeles.
(D’ailleurs, dans un sondage de la maison Pollara à l’automne 2023, seulement 57% des répondants pouvaient nommer le chef du Parti conservateur du Canada (Pierre Poilievre) et 60% des répondants étaient incapables de nommer un seul membre du cabinet de Justin Trudeau. Seulement 30% des répondants connaissaient la ministre des finances (et vice-première ministre) du Canada, Chrystia Freeland.)
Pour Denis Coderre, après ses deux défaites consécutives aux élections municipales contre Valérie Plante en 2017 et 2021, peut-être qu’il n’est pas étonnant que 83% des répondants libéraux du sondages n’aient pas choisi M. Coderre dans cette liste, même s’il était, et de loin, le personnage le plus connu du lot.
Dans les multiples échanges que j’ai eus avec des membres de la classe médiatique et politique québécoise aujourd’hui, quelques commentaires m’ont particulièrement chicoté. Je paraphrase: Depuis l’article de La Presse ce matin, le PLQ a-t-il perdu ou gagné du terrain ? Denis Coderre est intéressé par le PLQ, mais le sentiment est-il vraiment mutuel ? Y a-t-il des membres du PLQ qui voit en Denis Coderre l’avenir de leur parti ?
Ça vaudrait la peine de sonder là-dessus… C’est à suivre.