Sondage Léger : l’élan estival du PQ se confirme
Le Parti québécois progresse dans les intentions de vote, mais l’appui à la souveraineté demeure stable, selon Léger.
La maison Léger publie ce matin son nouveau sondage québécois, le premier depuis juin, dans les médias de Québecor. Les grandes lignes ? Le Parti québécois profite d’un momentum estival, le Parti conservateur recule au niveau national (mais demeure fort à Québec) et les appuis à la souveraineté restent stables.
Décortiquons les chiffres.
Le PQ grimpe dans les intentions de vote
Le Parti québécois trône en tête avec 35 % des intentions de vote chez les électeurs décidés, un bond notable de cinq points depuis juin, et devance de neuf points le Parti libéral du Québec, qui s’installe en deuxième place à 26 %. La CAQ suit loin derrière, avec 17 % d’appuis.
Le Parti conservateur d’Éric Duhaime récolte 10 % — une baisse statistiquement significative de quatre points. Québec solidaire ferme la marche avec 9 %.
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Au niveau national, les seuls mouvements statistiquement significatifs sont la hausse de cinq points du PQ et la baisse de quatre points du PCQ.
Ces mouvements pourraient-ils s’expliquer par la très médiatisée élection partielle dans Arthabaska, le 11 août dernier ? C’est possible. Avec cette victoire, le PQ cherche à se présenter comme la formation la mieux placée pour battre la CAQ, renforçant ainsi son statut de « gouvernement en attente ».
Le sondage Léger de ce matin indique d’ailleurs que 65 % des répondants estiment qu’il est temps pour un « changement d’équipe » à Québec, contre seulement 18 % qui souhaitent garder « l’équipe actuelle en place ».
Recul du PCQ ?
Considérant que le PCQ, malgré la défaite, s’est bien tiré d’affaire dans Arthabaska avec 35 % des suffrages (+10 points par rapport à 2022), comment expliquer la glissade nationale des troupes d’Éric Duhaime ?
Deux hypothèses:
Il s’agit d’une simple fluctuation — ce qui n’a rien d’anormal, surtout en période estivale ;
La campagne d’Éric Duhaime dans Arthabaska a pu avoir des effets bénéfiques localement, mais nuisibles à son image ailleurs au Québec.
Vous êtes peut-être familier avec cette expression en anglais : Sunlight is the best disinfectant. La lumière du jour est le meilleur désinfectant. Si la campagne d’Éric Duhaime a mobilisé de nombreux électeurs traditionnellement de droite et ruraux (à ce sujet, lisez l’excellente analyse du journaliste Jérôme Labbé du Radio-Canada), il n’est pas impossible que la performance du chef conservateur lui ait permis de solidifier une certaine base démographique encline à sa vision, mais sans élargir son attrait ailleurs.
Ce n’est qu’une hypothèse. Nous y reviendrons lorsque nous aurons davantage de données.
La souveraineté et les jeunes : régression vers la moyenne ?
Parlant de fluctuation, les appuis à la souveraineté sont-ils en chute libre chez les jeunes ?
Si cette question vous semble absurde (elle l’est), elle ne l’est pas plus que les nombreuses chroniques publiées cet été affirmant — sans trop de nuance — que la jeunesse québécoise s’était soudainement tournée « all in » en faveur de la souveraineté. Cela faisait suite au sondage Léger de juin qui avait mesuré 48 % d’appui chez un sous-échantillon de 195 électeurs de 18 à 34 ans. J’avais d’ailleurs écrit une analyse à ce sujet. J’avais d’ailleurs écrit ceci en analyse à ces chiffres jadis.
En gros : de petits échantillons entraînent de grandes incertitudes et de fortes fluctuations. D’ailleurs, voici les trois derniers résultats de Léger auprès des 18–34 ans : 35 % en mai, 48 % en juin, 42 % en août.
Le terme statistique qui décrit ce phénomène est la « régression vers la moyenne ».
Pour illustrer : si Cole Caufield marque un tour du chapeau lors du premier match de la saison, croira-t-on qu’il est en route vers une campagne de 240 buts ? Évidemment que non. Son rythme de production fera une régression vers la moyenne au fil des matchs suivants.
Bien sûr, l’exemple est exagéré, mais les sondages captent parfois une crête ou un creux de vague plutôt qu’une valeur centrale. Avec environ 200 répondants, la marge d’erreur est de ±7 points, 19 fois sur 20*. C’est énorme. Les chiffres de juin étaient probablement un peu trop hauts pour le camp souverainiste chez les jeunes et reviennent maintenant vers la moyenne.
( * La marge d’erreur au sens classique ne s’applique pas pour des sondage par panel web, mais ce calcul peut néanmoins nous servir de guide).
Ceci étant dit, il reste intéressant de constater la tranche de 18-34 ans demeure celle la plus encline vers la souveraineté. Chez les 35-54 ans, seulement 30% appuyeraient la souveraineté si un référendum avait lieu (après répartition des indécis). Chez les 55 ans et plus, cette proportion atteint à peine 36%.
Bref, respirons tous par le nez. La souveraineté chez les jeunes n’est pas en chute libre en août autant qu’elle n’avait probablement pas grimpé en flèche à ce point en juin. Il vaut mieux de regarder les tendances à long terme. Voici les chiffres depuis 2023:
En regardant ces courbes, je vois un certain rapprochement. Notable, certes, mais modeste tout de même.
Une mise à jour complète de la projection Qc125 sera publiée sous peu, y compris les chiffres pour la souveraineté.
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