Souveraineté : l'argent et la scolarité
Les plus récents chiffres de CROP mesurent comment l’appui à la souveraineté varie selon le revenu des ménages et le niveau de scolarité.
Nous vous présentons ce matin de nouveaux découpages démographiques issus du plus récent sondage de la maison CROP sur les appuis à la souveraineté — plus précisément, selon le revenu des ménages et le niveau de scolarité.
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Dans ce récent billet, je décortiquais les données selon l’âge et le genre.
Mais d’abord, avant d’entrer dans le vif du sujet, permettez-moi une clarification. J’ai vu circuler de nombreux commentaires confus sur les réseaux sociaux à propos des chiffres de CROP, en particulier par tranches d’âge.
CROP a posé deux questions distinctes sur la souveraineté. La première demandait aux répondants s’ils étaient favorables ou défavorables à la souveraineté (très favorable, plutôt favorable, plutôt défavorable, très défavorable). La deuxième leur demandait comment ils voteraient si un référendum avait lieu (Oui ou Non). Voici les résultats des deux questions par tranche d’âge :
Pour les électeurs de plus de 35 ans, la « favorabilité » et les appuis au OUI sont presque identiques :
35-54 ans : 44% favorables, 41% OUI
55 ans et plus : 37% favorables, 36% OUI
Chez les plus jeunes, toutefois, l’écart est plus marqué :
18-34 ans : 56% favorables, 47% OUI
Ces deux mesures ne sont pas interchangeables, et cette différence, bien réelle, peut prêter à confusion.
Maintenant, étudions ensemble deux autres divisions démographiques, soit le revenu des ménages et la scolarité.
Le revenu des ménages
Y a-t-il un lien entre le revenu des électeurs québécois et leur désir d’appuyer la souveraineté du Québec ?
CROP présente deux façons de découper le revenu : une version à trois paliers (moins de 40 000 $, entre 40 000 $ et 80 000 $, plus de 80 000 $) et une autre à six paliers. La seconde permet une analyse plus fine, mais avec un échantillon total de 1 000 répondants, chaque sous-groupe devient très petit, ce qui augmente considérablement l’incertitude.
Le tableau ci-dessous indique, à gauche, la taille des sous-échantillons (n) pour les six paliers de revenu, ainsi que la marge d’erreur (mdé) à un intervalle de confiance de 95 % (le fameux « 19 fois sur 20 ») si l’échantillon était aléatoire.* À droite : les données regroupées en trois paliers.
(*Rappel : les panels web ne sont pas des échantillons aléatoires ; la marge d’erreur au sens classique ne s’applique donc pas. Mais elle peut quand même servir de guide comparatif.)
Voici donc les résultats découpés par trois tranches du revenu des ménages :
Les données de CROP mesurent un appui à la souveraineté de 44% chez les gens au revenu de ménage inférieur à 40k$, 40% chez les ménages à revenu entre 40k$ et 80k$, puis 39% chez les ménages où le revenu est supérieur à 80k$.
Ces écarts ne sont pas statistiquement significatifs considérant les marges d’erreur de chaque sous-échantillon. Toutefois, cette apparente tendance où les appuis à la souveraineté seraient légèrement plus élevés auprès des électeurs au revenu modeste est congrue avec ce que CROP a observé avec les tranches d’âge — les électeurs de 18-34 ans, dont plusieurs près de la limite inférieure de cette fourchette sont des étudiants, ont des revenus plus faibles que les électeurs plus âgés.
Difficile donc de tracer un lien de cause à effet entre les appuis à la souveraineté et le revenu des ménages.
La scolarité
Y a-t-il un lien entre la scolarité des électeurs et l’appui à la souveraineté ? Selon ces chiffres de CROP, il semble que oui — même en considérant la marge d’erreur des découpages.
Chez les électeurs ayant un diplôme d’étude secondaire (n = 236, mdé = 6%), l’appui à la souveraineté est le plus élevé, avec 45%.
Cette proportion glisse à 40% auprès des électeurs avec des études collégiales (n = 406, mdé = 5%), puis à 34% auprès de ceux et celles qui ont des études universitaires (n = 358, mdé = 5%).
Les différences ne sont pas énormes, soulignons-le. Toutefois, CROP observe bel et bien un déclin progressif de l’appui à la souveraineté à mesure que le niveau de scolarité augmente.
Plus de données à venir bientôt.
Demain, c’est l’élection partielle dans la circonscription d’Arthabaska—L’Érable. Je commenterai les résultats en direct sur YouTube avec mon partenaire de balado, Eric Grenier. Voici le lien.
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